Mes cinq années...
Le texte et les images qui vont suivre parlent de mon ressenti personnel (avec 7 mois de recul) de mes années d'études. Elles n'engagent bien sur que moi et personne d'autre. J'ai appris beaucoup, connu des gens que j'aime profondément mais surtout, je découvre aujourd'hui l'hallucination constante dans laquelle je vivais pour "me construire".
D'abord ils m'ont dit "terne", "sans personnalité", "vide", "dessinateur du dimanche", "bon élève chiant"...
Jeune et naïf, ces attaques m'ont blessées et j'ai voulu absolument prouver le contraire. J'ai alors commencé à me battre pour convaincre de mon potentiel sans me rendre compte que la "toile vierge" que je leur offrais était le terrain de jeu parfait pour exercer leurs manipulations.
Ca commence doucement. Ils entâment leurs expériences que je trouve loufoques sur moi. Ils laissent leurs empruntes sous pretexte que ça va m'aider à me construire et me rendre plus fort.
Ca marche du feu de dieu...
J'encaisse les humiliations et provocations diverses. C'est aussi ça parfois, tout dépend sur qui vous tombez. On me matraque la tête de nouvelles idées saugrenues mais on ne m'écoute pas encore. Non, il est trop tôt, je n'ai surement encore rien à dire alors le "processus créatif" qui s'apparente aujourd'hui pour moi à un lavage de cerveau sectaire continue.
Dans cette comédie théâtrale je suis l'expérience, le cobaye, le bouffon du roi, pourtant persuadé que tout cela ne vient que de moi.
Pas rebelle pour un sous, je me laisse arroser. Ils vont m'améliorer, me faire grandir et m'offrir de quoi m'enrichir. C'est vrai, mais dans une atmosphère bien particulière et étouffante.
On m'éclabousse de questions incompréhensibles et c'est moi qui me sens idiot et dépossédé.
On me demande de réfléchir sur des sujets absurdes : "Le caillou". Et comme un con, je le fais.
Je ne vois aucun problème. Ils disent qu'ils m'aident à devenir adulte et à réfléchir. Avant sans doute je réflechissais mal.
Ca tire, ça brûle, ça commence à me saisir tout le corps. Tout ceci est parfaitement normal, c'est ma "thérapie" qui commence il paraît. Merci d'avoir été ce psy si compréhensif, si attentif, si faux-cul.
Le petit bon élève insignifiant leur donne ce qu'ils veulent plus vite qu'ils ne l'espéraient. Ils me disent que je suis sur la bonne voie. J'ai bien appris à réflechir alors ?? Tu l'as aimé mon texte sur le caillou ? Tu l'as trouvé assez philosophique ? Assez barré pour te faire bander ?
C'est tellement facile de se cacher vers ces "concepts". De toutes façons vous pouvez pas comprendre c'est conceptuel. Ce "concept", c'est leur "élite". On me trouve intéressant car j'utilise un vocabulaire prétentieux qui ne veut plus rien dire tellement les pseudos-intellectuels se sont masturbés dessus.
Peu à peu je réalise le jeu auquel j'ai joué pendant déjà 4 ans. Je suis allé très loin, je me suis réinventé pour me créer ma place dans cet univers fermé et marginal alors qu'on nous promet liberté et ouverture d'esprit. Encore un an à tenir...
Un an pour leur offrir mes derniers mensonges, mes derniers beaux mots. T'en veux de la réflexion esthético-conceptuelle ? Je vais te faire vibrer, j'peux même t'organiser une expo et t'écrire un texte avec de jolies phrases en juxtaposant des mots compliqués pour t'exciter. Dingue, on dirait que ça marche ! Vas-y l'année prochaine je te fais un doctorat ! T'as vu ? T' y crois ? J'y vais je te jure, à la sorbonne aussi je vais les laisser me retourner le cerveau.
Non.
Quand la mascarade s'est terminée c'est une autre folie qui a voulu se manifester. Une toute petite chose enterrée la dessous, sous tout ce bordel bien trop compliqué pour être sincère.
Elle n'est pas plus facile, pas moins addictive, mais elle me ressemble. Elle est là.
Merci à Nathalie, artiste et surtout amie pour toutes nos jolies conversations rassurantes.